P. Jeanneret: Michel Buenzod, L’homme engagé, l’écrivain

Cover
Titel
Michel Buenzod, L’homme engagé, l’écrivain.


Autor(en)
Jeanneret, Pierre
Erschienen
Vevey 2016: Editions de l'Aire
von
Gilbert Coutaz

Tout est contenu dans le titre qui reflète les deux parties de l’ouvrage, de longueur inégale. Michel Buenzod a traversé le XXe siècle. Il est né le 3 janvier 1919, d’un père ingénieur, Maurice Edmond (1888-1956) et meurt le 4 janvier 2012. Enseignant, il est venu sur le tard à la création littéraire. Entre les deux parties, Pierre Jeanneret qui ne cache pas sa relation avec Michel Buenzod, durant les quinze dernières années de sa vie, place au centre du livre un cahier photographique et un chapitre «L’homme et sa personnalité: un portrait» (pp. 89-106). En faisant nettement la séparation entre sa vie professionnelle d’enseignant où il excella et ses activités politiques – il fut un militant dynamique et écouté au nom de ses convictions communistes, Michel Buenzod exerça une grande influence auprès de ses élèves – il publia en 1963 avec son collègue Pierre Favrod, Aimer la grammaire qui connut un gros succès, et il fut mêlé à de nombreuses aventures éditoriales constituées de revues clandestines ou semi-clandestines: Cause commune (1942-1943), Traits (1942-1945), Voix Ouvrière (1945-1951), Socialisme (1945-1951), Bulletin de presse et d’information pour la défense du professeur André Bonnard et des libertés démocratiques (été 1952-juin 1954), Le Ciment (1953-1955), Contacts (1954-1981) dans lesquelles Michel Buenzod occupe une place plus ou moins importante et livre de nombreuses contributions. En 1945, il adhère au Parti ouvrier et populaire vaudois (POP) qui le porta au Conseil communal de Lausanne, entre 1946 et 1949, et au Grand Conseil, entre 1949 et 1950. Mais la position qu’il adopte contre les caciques du parti, en dénonçant la position de neutralité des autorités fédérale, lui vaudra d’être exclu, le 11 mars 1951, du Parti suisse du travail perdant par là même son poste de rédacteur à la Voix Ouvrière et l’obligeant à prendre un emploi auprès de l’Imprimerie Corbaz à Montreux. Une première expérience comme secrétaire romand bénévole de l’Association Suisse-URSS l’avait révélé, à la fin des années 1940, comme un grand communicateur, un organisateur efficace, mais également un adepte pur et dur des thèses soviétiques. On retrouve dès 1958 Michel Buenzod au sein du Mouvement suisse contre l’armement atomique dont il prend la présidence suisse romande, tout en prêtant sa plume au Bulletin du groupe romand, entre 1961 et 1969. À la suite du décès d’André Muret (1909-1986), Michel Buenzod réintègre les rangs du Parti ouvrier et populaire, en 1987 où il va déployer, dans la veine de la thèse léniniste qui attache une grande importante à la presse, ses qualités de journaliste dans l’hebdomadaire VO Réalités (entre 1990 et 1995), devenu Gauchebdo (entre 1995 et 2011).

À son départ à la retraite, le Conseiller d’État radical, Raymond Junod, salua les grandes capacités humaines et pédagogiques de Michel Buenzod, qui justifièrent son choix, entre 1972 et 1984, comme adjoint de la Faculté de l’École des hautes études commerciales de Lausanne. Père d’un enfant handicapé mental, il se battit avec force pour faire ouvrir des institutions d’accueil avec, à la clé, la Fondation de Vernand, en 1972, dont il fut un des initiateurs et un des membres du Conseil jusqu’en 1989.

Pierre Jeanneret décortique l’oeuvre littéraire qui débute en 1967, avec une pièce de théâtre Lointaine Proxima (son oeuvre en compte 11, écrites entre 1967 et 1997). Michel Buenzod laisse 6 romans composés entre 1987 et 2008, dont deux autobiographiques Le Temps des camarades (1995) qu’il dédie à son père qu’il admire, et Les quatre enfances d’Emmanuel (2004), qu’il destine à sa mère Ljubow, dite Liouba née Goldberg (1893-1987). Il a laissé de nombreux projets textes, ainsi que quatre poèmes inédits jusqu’à la publication de Pierre Jeanneret. Pierre Jeanneret dresse un portrait sans complaisance de Michel Buenzod. Il le montre dans ses environnements, fidèle à ses convictions politiques, dans ses goûts pour la littérature (il fut un critique littéraire reconnu) et l’histoire qu’il exprima dans de nombreuses recensions, ses relations humaines qu’il a toujours préférées aux débats intellectuels désincarnés et théoriques, mais aussi dans ses relations amoureuses. À l’affirmation «Je m’estime encore communiste» (p. 74), il répond ainsi: «L’URSS n’est pas un modèle pour nous (…). Nous sommes certains que le socialisme n’est possible que dans et par la démocratie. Mais l’URSS a été une première victoire contre le capitalisme. (…) Le communisme est toujours pour moi l’expression d’un besoin de justice et de fraternité humaine qui est impossible dans le capitalisme, société de déshumanisation, dure pour les pauvres. » (pp. 73-74). Le fait que des archives aient été constituées aux Archives cantonales vaudoises, du vivant de Michel Buenzod, et largement complétées à la suite de son décès, permet désormais de disposer des éléments d’étude et de mesurer la diversité et la longévité d’une personnalité attachante, sincère et à l’action remarquée et récurrente. «Transformer un problème en action militante». La publication de Pierre Jeanneret fixe désormais le cadre de toute considération de l’oeuvre de Michel Buenzod.

Zitierweise:
Gilbert Coutaz: Pierre Jeanneret: Michel Buenzod. L’homme engagé, l’écrivain (1919-2012). Une biographie, Vevey: Editions de L’Aire, 2016. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 276-277.

Redaktion
Autor(en)
Beiträger
Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 276-277.

Weitere Informationen
Klassifikation
Epoche(n)
Region(en)
Thema
Mehr zum Buch
Inhalte und Rezensionen
Verfügbarkeit